J'écris contre l'oubli, pour arracher le démon qui me colle à la peau. Le texte est voué à disparaitre mais son inutilité ne me fait pas défaut. Grâce à ma plume, ensanglantée par tant de vacuité, je donne un peu de consistance au néant. Et à mesure que mes larmes noircissent vainement le papier, le vide reprend sa place. On meuble comme on peut l' absurde, on occupe nos esprits agités avec ce que la terre et l' « intelligence » humaine nous ont offert, on cultive ou non notre spiritualité mais ceci ne reste qu'un prétexte à notre existence. Sans la matière pour meubler, l'esprit humain ne supporterai pas cette constante vérité. Alors on passe son temps à mettre du vent où il y en a déjà et l'on oublie la vanité de toutes choses. Je vois le temps qui passe et qui arrache ce sur quoi on construit une existence. A l'encre de mon âme se tapis sans doute l'abattement secret de chacun. L'homme souffre de ne pouvoir comprendre. Il refuse orgueilleusement d'être l'objet du hasard et rien ne vient jamais à bout de sa soif. La Connaissance est un bien mais n'est-t-elle pas aussi ce puit sans fond que les danaïdes ne cessent de remplir?...
dimanche 7 juin 2009
dimanche 12 avril 2009
parole
Et je parle, pour anéantir le néant qui me constitue; briser ce rien qui transpire de mes pores asséchés.
Mes paroles, futilement vaporisées pour achever insignifiance, sont comme une page inachevée d'un fragment abrasif.
Rugosité de l' âme qui se heurte au silence ouaté de ma bruyante envie de vivre.
J'agace fil après fil celui qui ne parle pas...
En vain, la parole s'économise pour ne dire que l'essentiel et le mot tombe dans un puit.
Inopportun, il s'épuise de lui même.
Les mots fusent et perdent aussitôt leur sens. On les oublie presque entre deux ratures...
Deux âmes, en silence, s'échangeaient quelques mots...
Elles n'avaient trouvé de remède contre la parole...
Mes paroles, futilement vaporisées pour achever insignifiance, sont comme une page inachevée d'un fragment abrasif.
Rugosité de l' âme qui se heurte au silence ouaté de ma bruyante envie de vivre.
J'agace fil après fil celui qui ne parle pas...
En vain, la parole s'économise pour ne dire que l'essentiel et le mot tombe dans un puit.
Inopportun, il s'épuise de lui même.
Les mots fusent et perdent aussitôt leur sens. On les oublie presque entre deux ratures...
Deux âmes, en silence, s'échangeaient quelques mots...
Elles n'avaient trouvé de remède contre la parole...
vendredi 19 décembre 2008
Les yeux remplis de larmes, elle grelottait dans un coin sombre de l'église. Une pluie titanesque s'abattait magistralement sur la toiture, dispersant en fines gouttelettes son joli vacarme. Plongée dans ses réflexions, elle écoutait la berceuse qui s'échappait du clapotement incessant de l'eau. Ses vêtements mouillés lui collaient à la peau, enveloppant voluptueusement son corps d'une fraîcheur impitoyable. Tremblante, elle implora le néant de la quitter. Elle était rentrée là comme on pénètre dans un refuge, loin du chaos et du déchaînement de la nature. Ce n'était sans doute pas un hasard si ces pas l'avaient aveuglement guidée sur ce banc face à une bougie dans la pénombre Il lui fallait s'extirper de la douce violence extérieure qui reflétait si bien ce qui se tramait au fond d'elle. Non loin, quelques voix éparses jaillissaient discrètement du confessionnal, troublant le calme d'une indicible douleur. Ce lieu, en filigrane d' une souffrance contenue, gardait secrètement les plaintes ancestrales de l' Homme venu ici chercher pénitence. La mort apporterait-elle un salut quelconque aux affres de l' existence? Cette question court-circuita un instant les égarements de son coeur. Elle songea alors à toutes ces âmes affligées de médiocrité qui s'étaient jadis retrouvées là, tout comme elle, dans ce sanctuaire où Dieu n'aurait osé les voir. Son regard se posa sur le christ mortellement accroché à une énorme croix en bronze. Cette ignominie, orgueilleusement brandie, lui donna la nausée. L' Amour construit par les hommes ne pouvait être à la hauteur de l'idéal qu'incarnait cette figure et leurs misérables carcasses souffraient de ce qu'ils ne pouvaient atteindre. Troublé, son coeur susurra doucement de sa langueur aux murs glacés de l'église. Elle médita quelques temps jusqu'à ce qu'une main effleure doucement son épaule. En se retournant, elle reconnu le visage d' un prêtre avec qui elle avait échangé autrefois quelques mots.
Elle le regarda sans rien dire et vit qu'il était profondément touché par la peine contenue dans ses yeux. Il brisa le silence le premier.
Lui -Pourquoi êtes vous si triste aujourd'hui?
Elle -Parce qu'il pleut sur la ville comme il pleure dans mon coeur. Je ne supporte plus, vous comprenez... cette nature, qui exulte sa mélancolie et brouille mon soleil. Hier, un ange est venu me voir puis il s'est faufilé dans le crépuscule et je crains qu'il ne revienne. J'ai peur du Temps, vous savez...qui tôt ou tard va disperser ses larmes acides et dévaster la dorure de mes rêves.
Lui -Quel nuage obscurci donc ton âme mon enfant? Ton tracas me semble plus ténu qu'une grisaille automnale. As-tu quelques soucis?
Elle -Je ne sais pas vraiment mon père...La tristesse n'a pas toujours de raison; mon coeur est plus noir que la mort et la nuit ne suffit à exprimer l'obscurité de ma pensée. Dieu ne m'a jamais appelé, pourtant mes convictions se sont toujours fiées à l'amour et j'imagine que le marasme spectaculaire des Hommes a finit par avoir raison de mes verts paradis infantiles. Ma lucidité erre depuis sur quelques chemins de traverse.
Lui : -Tu sembles douter de ce qui t'es intrinsèquement lié. Si ton coeur t'a dicté par le passé l'amour, ne rebrousse pas chemin. Aimer c'est déjà être un peu avec Dieu. Les vices de l'homme révèlent sa faiblesse mais ne signent pas inéluctablement sa bassesse. Dieu habite où on le laisse entrer. Pour croire, il faut vouloir.
Elle : -J'aimerais croire en Dieu mais l'homme ne m'y invite guère. Et si nous sommes la création de Dieu... alors... alors, elle n'égale pas l' image de perfection à laquelle je le rattache.
Lui : -Il me semble qu'il t'est difficile de croire à ton incroyance. Dieu nous a laissé libre et a attendu que nous nous accomplissions sur terre. L'homme a choisi l'imperfection. Mais le mal imprime notre souffrance sur un palimpseste que le bien s'empresse aussitôt de recouvrir. La vie sur terre est une mise à l'épreuve. L'amour invite à l'élévation; il est la marque de la présence de dieu. Ce que tu as pu penser par le passé reste tapi en toi et tu dois le cultiver. Ne laisse pas...
Elle, l'interrompant : - Mais je continue d'aimer mon père. Sauf que je ne vois plus la lumière...Mon âme s'est perdue dans les abysses d'un désarroi profond dont je ne puis m'extirper seule. Et pourtant, c'est souvent prés des autres que la solitude me pèse le plus. La violence de ce monde m'isole de mes semblables que je ne saurai pourtant rejeter.
Pensive : - J'aimerais parfois être étrangère à moi même.
Lui : -Ton coeur vulnérable se remplit du malheur des autres. Mais cette souffrance traduit une richesse qui n'est pas accessible à tout le monde. Ne laisse pas l'homme rogner tes espérances. J'ai foi en ton coeur. Il ne demande qu'à déverser ses trésors. Tu trouveras l'apaisement lorsque tu auras compris que le mal est transitoire et qu'il n'est rien face au calme éternel que promet l'au-delà. Dieu est infini. Et nous souffrons de ce que nous ne connaissons point.
Elle : -Mon père, le plus lent à promettre est toujours le plus fidèle à tenir. J'ai compris que sans la souffrance je ne connaîtrais pas le plaisir, que le mal était un bien et qu'il nous révélait à nous même. Mes amours décomposés ont gardé la splendeur que mon souvenir ravive. Sans doute ne les aurais-je pas tant aimés s'ils pouvaient résister aux aléas du temps. Mon coeur regorge d'amour... Mais dieu m'est inconnu bien que vos paroles me poussent à le découvrir.
Doucement : -Merci à vous, je ne vous oublierai pas. Vous m'avez apporté la chaleur dont j'avais besoin dans l'instant et je me sens presque croire à nouveau en l'homme.
A ces mots, elle se leva pour partir. Il lui sembla qu'elle avait suffisamment déchargé son fardeau et qu'elle ne pouvait en entendre d'avantage. Le prêtre la laissa s'éclipser dans la nuit et vit progressivement disparaître la belle chevelure qui tombait en cascade sur ses frêles épaules.
Elle le regarda sans rien dire et vit qu'il était profondément touché par la peine contenue dans ses yeux. Il brisa le silence le premier.
Lui -Pourquoi êtes vous si triste aujourd'hui?
Elle -Parce qu'il pleut sur la ville comme il pleure dans mon coeur. Je ne supporte plus, vous comprenez... cette nature, qui exulte sa mélancolie et brouille mon soleil. Hier, un ange est venu me voir puis il s'est faufilé dans le crépuscule et je crains qu'il ne revienne. J'ai peur du Temps, vous savez...qui tôt ou tard va disperser ses larmes acides et dévaster la dorure de mes rêves.
Lui -Quel nuage obscurci donc ton âme mon enfant? Ton tracas me semble plus ténu qu'une grisaille automnale. As-tu quelques soucis?
Elle -Je ne sais pas vraiment mon père...La tristesse n'a pas toujours de raison; mon coeur est plus noir que la mort et la nuit ne suffit à exprimer l'obscurité de ma pensée. Dieu ne m'a jamais appelé, pourtant mes convictions se sont toujours fiées à l'amour et j'imagine que le marasme spectaculaire des Hommes a finit par avoir raison de mes verts paradis infantiles. Ma lucidité erre depuis sur quelques chemins de traverse.
Lui : -Tu sembles douter de ce qui t'es intrinsèquement lié. Si ton coeur t'a dicté par le passé l'amour, ne rebrousse pas chemin. Aimer c'est déjà être un peu avec Dieu. Les vices de l'homme révèlent sa faiblesse mais ne signent pas inéluctablement sa bassesse. Dieu habite où on le laisse entrer. Pour croire, il faut vouloir.
Elle : -J'aimerais croire en Dieu mais l'homme ne m'y invite guère. Et si nous sommes la création de Dieu... alors... alors, elle n'égale pas l' image de perfection à laquelle je le rattache.
Lui : -Il me semble qu'il t'est difficile de croire à ton incroyance. Dieu nous a laissé libre et a attendu que nous nous accomplissions sur terre. L'homme a choisi l'imperfection. Mais le mal imprime notre souffrance sur un palimpseste que le bien s'empresse aussitôt de recouvrir. La vie sur terre est une mise à l'épreuve. L'amour invite à l'élévation; il est la marque de la présence de dieu. Ce que tu as pu penser par le passé reste tapi en toi et tu dois le cultiver. Ne laisse pas...
Elle, l'interrompant : - Mais je continue d'aimer mon père. Sauf que je ne vois plus la lumière...Mon âme s'est perdue dans les abysses d'un désarroi profond dont je ne puis m'extirper seule. Et pourtant, c'est souvent prés des autres que la solitude me pèse le plus. La violence de ce monde m'isole de mes semblables que je ne saurai pourtant rejeter.
Pensive : - J'aimerais parfois être étrangère à moi même.
Lui : -Ton coeur vulnérable se remplit du malheur des autres. Mais cette souffrance traduit une richesse qui n'est pas accessible à tout le monde. Ne laisse pas l'homme rogner tes espérances. J'ai foi en ton coeur. Il ne demande qu'à déverser ses trésors. Tu trouveras l'apaisement lorsque tu auras compris que le mal est transitoire et qu'il n'est rien face au calme éternel que promet l'au-delà. Dieu est infini. Et nous souffrons de ce que nous ne connaissons point.
Elle : -Mon père, le plus lent à promettre est toujours le plus fidèle à tenir. J'ai compris que sans la souffrance je ne connaîtrais pas le plaisir, que le mal était un bien et qu'il nous révélait à nous même. Mes amours décomposés ont gardé la splendeur que mon souvenir ravive. Sans doute ne les aurais-je pas tant aimés s'ils pouvaient résister aux aléas du temps. Mon coeur regorge d'amour... Mais dieu m'est inconnu bien que vos paroles me poussent à le découvrir.
Doucement : -Merci à vous, je ne vous oublierai pas. Vous m'avez apporté la chaleur dont j'avais besoin dans l'instant et je me sens presque croire à nouveau en l'homme.
A ces mots, elle se leva pour partir. Il lui sembla qu'elle avait suffisamment déchargé son fardeau et qu'elle ne pouvait en entendre d'avantage. Le prêtre la laissa s'éclipser dans la nuit et vit progressivement disparaître la belle chevelure qui tombait en cascade sur ses frêles épaules.
mardi 2 décembre 2008
Nuit blanche
Mes paupières, lourdes comme une porte d'église, découvrent un oeil transi...La nuit glaciale vient de pétrifier les quelques débris d' âme qu'il me restait. Mes membres éparpillés tentent de se rassembler dans un dernier tressaillement et j' aspire à ce que la mort m'emporte secrètement dans une de ces bourrasques de gel où le cauchemar prend fin. Dehors il fait très noir et comme à son habitude, damoiselle ''insomnie'' s'incruste chez moi sans frapper. Je la connais pour l'avoir trop fréquentée et anticipe en général son arrivée peu cordiale. La belle capricieuse surgit toujours du néant pour asseoir sa suprématie et piquer en despote la place de mon cher et tendre sommeil. Elle dérobe alors brutalement mon cortex au monde des songes comme on arracherait un mort né à sa pauvre mère aphasique. Mon rêve s'interrompt, et l'enfer commence...Le styx m'offre ses flots déchaînés et, projetée dans un espace temps indéterminé, je ne distingue plus le rêve de la réalité. Heureusement, l' impertinent réveil me nargue sans vergogne et corrobore l'heure avancée de la nuit en soulageant méchamment mes incertitudes. Ses caractères sanguinolents qui s'exhibent crûment à ma triste mine meurtrissent la commissure de mes yeux vaporeux. Ma gorge, aphone comme un violon auquel on aurait ôté les cordes, orchestre dans un râle inaudible mes fonctions vitales.
Je songe alors dans l'abattement le plus profond à me munir prochainement d' une pendule quitte à ce qu'un tic tac infernal ne convienne guère au change. Mais je sais que cela ne sert à rien d'y penser, que cela ne sert à rien de penser tout court...De toute manière, la source des larmes s'est entrouverte et la nuit s'annonce interminable. Je savoure donc l'exquise torpeur qui émane du silence des ténèbres et me dis, dans un élan de compassion, qu' un insomniaque non aguerri perdra toujours son temps à trouver une solution au lieu de succomber au délice de ne point dormir. A ces heures oubliées, je l'imagine en train d'user de subterfuges et de ruser avec le sommeil : il recherchera sans doute dans un livre ennuyeux une vertu soporifique, boira une tisane aux plantes tout en restant sceptique à l'effet placebo, écoutera des discours psalmodiés par les plus fastidieux énergumènes...mais ces tentatives seront vaines car son corps, irrité par un incommensurable épuisement, ne lui octroiera pas le plaisir de s' assoupir ne serait-ce que l'espace d' un instant. L'activité même la plus ennuyeuse maintient l'éveil, cela va pourtant de soi! À force de vouloir cerner la nuit et ses mystères, j'en ai porté maintes fois les stigmates au petit matin. Songez donc impérativement lors de votre prochain conflit vespéral à ne point tenter de remédier à votre défaillance. Je vous assure que vous gagnerez un temps précieux. Sans doute ne tiendrez vous pas compte de ce conseil; il vous faudra alors malheureusement en passer par les méandres d'un apprentissage pernicieux avant de comprendre les bienfaits de la résignation. Une nuit d'éveil pour une âme seule rongée par l'épuisement a ce goût un peu rude de l'éternité. L'enchanteresse ne prévient pas. Elle se pourvoie de vos rêves et vous dissuade de résister à sa puissance. L'effervescence continue de votre psychisme réveille des profondeurs abyssales une colère ineffable et le clair obscur de la lune nébuleuse pénètre dans la chambre tel une masse fantomatique venant s'imprimer de force dans la rétine. Prostré, vous poussez un cri de rage tant la fatigue vous plonge dans un état de crispation mêlée d'impatience. L' exaspération se décuple...L'acuité de conscience est de plus en plus insoutenable. A force de compter à rebours les heures qui précèdent le retentissement du gong vous sombrez peu à peu dans la folie. Il est souhaitable que je ne développe pas davantage les conséquences d'une telle frustration tant l'horreur est indicible et propre à chacun. N'oubliez pas cependant que tout l'art de ne point défaillir résidera dans l'acceptation de votre statut. Plus vous contrerez l'éveil plus votre corps se rebiffera : lutter ajoute à la douloureuse acuité de conscience un irrémédiable anéantissement physique dont vous ne pourrez réchapper. Ne maudissez pas Morphée qui vous a négligemment oublié. Un jour il apportera de sa douceur au rêves des hommes. Essayez donc plutôt d' apprivoiser l' état amorphe et végétatif dans lequel vous êtes plongés et initiez vous à la langueur savoureuse d'une nuit interminable. L' Homme dort plus d'un tiers de sa vie; vous aurez donc tôt ou tard le temps de remplir le cota. N'oubliez jamais que le marchand de sable n'entamera aucune négociation si vous faites fuir les moutons en faisant sonner le tocsin. Si part mégarde et insouciance, votre voisin dort comme un sonneur, ne lui en voulez pas. Vous aurez bien assez le temps de dormir une fois mort.
dimanche 2 novembre 2008
En attendant Godot, Beckett, 1952.
Il est difficile de résumer clairement cette pièce car il ne s'y passe rien ou presque... En effet, l' intrigue est exclusivement centrée autour de l'attente d'un personnage (Godot) qui n' apparaîtra jamais sur scène bien qu'il soit annoncé dès le titre et qu'il revienne de façon récurrente dans les propos échangés par les deux protagonistes principaux.(Vladimir et Estragon)
L'intention de Beckett n'est nullement de donner une visée unifiante à son oeuvre et il s'adonne d'ailleurs merveilleusement bien à cette tâche de déstructuration propre à ce type de théâtre (mouvance du théâtre de l'absurde) : les personnages volontairement étiolés sont ramenés à un degré minimal de l'homme (clochards); ils évoluent dans un lieu indéterminé (près d'un arbre) lui même confiné dans un cadre temporel indéfini (la nuit ne semble jamais arriver et finit par tomber brutalement). Chaque jour, comme dans la vrai vie d'ailleurs, les mêmes choses semblent plus ou moins se reproduire comme si le temps était par avance condamné à un incessant retour du même. Ceci est assez évocateur d'une routine et d'un cloisonnement existentiel de l' Homme en général. Ils vont et viennent dans la cage du temps, cet espace-prison dans lequel les personnages parlent pour oublier, parlent pour durer, font des gestes pour se sentir vivre tout en sachant qu'ils éprouvent cela en vain. Vladimir et Estragon ne font rien si ce n'est essayer de parler pour faire passer le temps. Comme en témoigne la première réplique du drame ―« Rien à faire »― seule l'attente et le dialogue, ces degrés minimaux de l'action, viennent structurer le vide inhérent à la pièce. Si le personnage de théâtre se tait il n'existe plus et de là naît son angoisse. Pourtant, même la parole est absurde; elle n'est qu'un palliatif illusoire et retarde fictivement l'idée de dissolution complète de l'être. Sa cohérence est remise en question dans la fameuse tirade de Lucky (agrammaticalement construite) et son aspect transitoire révélé par les aléas de la mémoire (les personnages oublient dans la seconde même ce qu'ils viennent de dire). Sans destinataire, la parole reste claquemurée sur sa propre inanité. Les personnages ne sont rien sans l'existence de l'autre qui est nécessaire à leur imbrication dans le monde. Pozzo est incapable d'être et d'exister par lui même. Il a besoin de Lucky, le serviteur déchu, l' être inférieur, pour exercer son pouvoir et croire à sa supériorité. Lucky, dépendant des ordres de son maître, ne revient à la vie que lorsqu'on le met au travail. Estragon et Vladimir qui s'agacent mutuellement restent inexplicablement inséparables. Finalement chaque être reste asservi à la présence de l'autre et se construit un cadre rassurant ou l'autre vient ponctuellement combler le vide propre à chacun. Malheureusement, le temps coule en vain et les personnages en subissent les aléas. Voué à une lente et irrévocable dissolution de nous même, notre esprit ne peut défier la désuétude. Les corps s'affaiblissent, se dégradent comme mus par une fatale déliquescence de l'existence. Pozzo devient aveugle, Lucky muet et les deux clochards souffrent du pied ou de la vessie. Finalement le langage n'est qu'à demi efficace et reste pire que le néant absolu qui serait pourtant la solution la plus simple aux maux des Hommes. D'ailleurs,le seul et unique projet le plus constant pour Estragon et Vladimir est de se pendre. Ceci est bien révélateur d'une prise de conscience de l'absurdité existentielle, génératrice de souffrances qui ne peuvent cesser que si l'on abdique en s'arrachant au monde. Le supplice de la vie ne peut prendre fin qu'avec la mort. Reste à savoir qui est Godot mais il n'est pas sur que cette question apporte véritablement un sens. La vrai question est plutôt de savoir pourquoi les personnages attendent. Godot est plus ou moins le « sauveur » en mesure d'apporter du mieux. Mais il est l'emblème d'une espérance qui ne sera jamais comblée. L'attente est un état ambigu qui permet d'endurer le malheur présent mais qui laisse insatisfait sans doute parce qu'il aggrave le sentiment du malheur par comparaison avec l'objet imaginaire espéré.
L'intention de Beckett n'est nullement de donner une visée unifiante à son oeuvre et il s'adonne d'ailleurs merveilleusement bien à cette tâche de déstructuration propre à ce type de théâtre (mouvance du théâtre de l'absurde) : les personnages volontairement étiolés sont ramenés à un degré minimal de l'homme (clochards); ils évoluent dans un lieu indéterminé (près d'un arbre) lui même confiné dans un cadre temporel indéfini (la nuit ne semble jamais arriver et finit par tomber brutalement). Chaque jour, comme dans la vrai vie d'ailleurs, les mêmes choses semblent plus ou moins se reproduire comme si le temps était par avance condamné à un incessant retour du même. Ceci est assez évocateur d'une routine et d'un cloisonnement existentiel de l' Homme en général. Ils vont et viennent dans la cage du temps, cet espace-prison dans lequel les personnages parlent pour oublier, parlent pour durer, font des gestes pour se sentir vivre tout en sachant qu'ils éprouvent cela en vain. Vladimir et Estragon ne font rien si ce n'est essayer de parler pour faire passer le temps. Comme en témoigne la première réplique du drame ―« Rien à faire »― seule l'attente et le dialogue, ces degrés minimaux de l'action, viennent structurer le vide inhérent à la pièce. Si le personnage de théâtre se tait il n'existe plus et de là naît son angoisse. Pourtant, même la parole est absurde; elle n'est qu'un palliatif illusoire et retarde fictivement l'idée de dissolution complète de l'être. Sa cohérence est remise en question dans la fameuse tirade de Lucky (agrammaticalement construite) et son aspect transitoire révélé par les aléas de la mémoire (les personnages oublient dans la seconde même ce qu'ils viennent de dire). Sans destinataire, la parole reste claquemurée sur sa propre inanité. Les personnages ne sont rien sans l'existence de l'autre qui est nécessaire à leur imbrication dans le monde. Pozzo est incapable d'être et d'exister par lui même. Il a besoin de Lucky, le serviteur déchu, l' être inférieur, pour exercer son pouvoir et croire à sa supériorité. Lucky, dépendant des ordres de son maître, ne revient à la vie que lorsqu'on le met au travail. Estragon et Vladimir qui s'agacent mutuellement restent inexplicablement inséparables. Finalement chaque être reste asservi à la présence de l'autre et se construit un cadre rassurant ou l'autre vient ponctuellement combler le vide propre à chacun. Malheureusement, le temps coule en vain et les personnages en subissent les aléas. Voué à une lente et irrévocable dissolution de nous même, notre esprit ne peut défier la désuétude. Les corps s'affaiblissent, se dégradent comme mus par une fatale déliquescence de l'existence. Pozzo devient aveugle, Lucky muet et les deux clochards souffrent du pied ou de la vessie. Finalement le langage n'est qu'à demi efficace et reste pire que le néant absolu qui serait pourtant la solution la plus simple aux maux des Hommes. D'ailleurs,le seul et unique projet le plus constant pour Estragon et Vladimir est de se pendre. Ceci est bien révélateur d'une prise de conscience de l'absurdité existentielle, génératrice de souffrances qui ne peuvent cesser que si l'on abdique en s'arrachant au monde. Le supplice de la vie ne peut prendre fin qu'avec la mort. Reste à savoir qui est Godot mais il n'est pas sur que cette question apporte véritablement un sens. La vrai question est plutôt de savoir pourquoi les personnages attendent. Godot est plus ou moins le « sauveur » en mesure d'apporter du mieux. Mais il est l'emblème d'une espérance qui ne sera jamais comblée. L'attente est un état ambigu qui permet d'endurer le malheur présent mais qui laisse insatisfait sans doute parce qu'il aggrave le sentiment du malheur par comparaison avec l'objet imaginaire espéré.
samedi 1 novembre 2008
À toutes les gueules de cons qui pullulent et qui rendent la Terre « bleue comme une orange » :
Chers congénères,
Je trouve que vous avez une gueule de con.
Or, le visage que nous portons est la carte géographique qui exhibe aux autres nos espoirs et nos idéaux.
Lorsque cette présentation soutient et diffuse une vision de l'existence déprimante, nous devenons coupable du désespoir des autres.
L'affichage impudique de votre démission, de votre déception métaphysique est un manquement élémentaire au respect d'autrui.
Un regard sans lueur, un front qui capitule, une bouche en forme de compromis perdant, sont des éléments qui insultent la joie de vivre et découragent son prochain.
Toute personne qui a laissé dépérir son visage est irresponsable et dangereuse. Nous avons le devoir de présenter à autrui une face qui exprime une vision au-dessus des circonstances et non le naufrage organique d'une âme rattrapée par la pesanteur. N'oubliez pas vos responsabilités !
Ou vous cessez de publier votre visage dans la rue, ou vous faites le retournement intérieur nécessaire pour présenter une expression correcte, faite d'unité intellectuelle et de fermeté émotionnelle.
Le faisceau misérable avec lequel vous balayez les âmes des passants comme un phare désespérant ne peut continuer à contaminer la population de sa sordide tristesse.
Notre regard qui est la permanente conclusion de nos pensées, offre à celui qui le lit un résumé rapide et convaincant d'un point de vue sur le monde. Il n'est donc jamais innocent de regarder son voisin.
Ainsi je vous accuse.
Bien sur vous n'avez rien fait. Mais être est pire que faire.
Les enfants, les personnalités faibles, les grands-mères sans défenses, les demi-fous, les naïfs, les conformistes, les malheureux sont détournés par votre tête comme une caravane par une mauvaise étoile.
C'est pourquoi, par pitié pour les autres, essayez,s'il vous plaît, de cesser d'être con.
En vous remerciant.
Je trouve que vous avez une gueule de con.
Or, le visage que nous portons est la carte géographique qui exhibe aux autres nos espoirs et nos idéaux.
Lorsque cette présentation soutient et diffuse une vision de l'existence déprimante, nous devenons coupable du désespoir des autres.
L'affichage impudique de votre démission, de votre déception métaphysique est un manquement élémentaire au respect d'autrui.
Un regard sans lueur, un front qui capitule, une bouche en forme de compromis perdant, sont des éléments qui insultent la joie de vivre et découragent son prochain.
Toute personne qui a laissé dépérir son visage est irresponsable et dangereuse. Nous avons le devoir de présenter à autrui une face qui exprime une vision au-dessus des circonstances et non le naufrage organique d'une âme rattrapée par la pesanteur. N'oubliez pas vos responsabilités !
Ou vous cessez de publier votre visage dans la rue, ou vous faites le retournement intérieur nécessaire pour présenter une expression correcte, faite d'unité intellectuelle et de fermeté émotionnelle.
Le faisceau misérable avec lequel vous balayez les âmes des passants comme un phare désespérant ne peut continuer à contaminer la population de sa sordide tristesse.
Notre regard qui est la permanente conclusion de nos pensées, offre à celui qui le lit un résumé rapide et convaincant d'un point de vue sur le monde. Il n'est donc jamais innocent de regarder son voisin.
Ainsi je vous accuse.
Bien sur vous n'avez rien fait. Mais être est pire que faire.
Les enfants, les personnalités faibles, les grands-mères sans défenses, les demi-fous, les naïfs, les conformistes, les malheureux sont détournés par votre tête comme une caravane par une mauvaise étoile.
C'est pourquoi, par pitié pour les autres, essayez,s'il vous plaît, de cesser d'être con.
En vous remerciant.
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