Il est difficile de résumer clairement cette pièce car il ne s'y passe rien ou presque... En effet, l' intrigue est exclusivement centrée autour de l'attente d'un personnage (Godot) qui n' apparaîtra jamais sur scène bien qu'il soit annoncé dès le titre et qu'il revienne de façon récurrente dans les propos échangés par les deux protagonistes principaux.(Vladimir et Estragon)
L'intention de Beckett n'est nullement de donner une visée unifiante à son oeuvre et il s'adonne d'ailleurs merveilleusement bien à cette tâche de déstructuration propre à ce type de théâtre (mouvance du théâtre de l'absurde) : les personnages volontairement étiolés sont ramenés à un degré minimal de l'homme (clochards); ils évoluent dans un lieu indéterminé (près d'un arbre) lui même confiné dans un cadre temporel indéfini (la nuit ne semble jamais arriver et finit par tomber brutalement). Chaque jour, comme dans la vrai vie d'ailleurs, les mêmes choses semblent plus ou moins se reproduire comme si le temps était par avance condamné à un incessant retour du même. Ceci est assez évocateur d'une routine et d'un cloisonnement existentiel de l' Homme en général. Ils vont et viennent dans la cage du temps, cet espace-prison dans lequel les personnages parlent pour oublier, parlent pour durer, font des gestes pour se sentir vivre tout en sachant qu'ils éprouvent cela en vain. Vladimir et Estragon ne font rien si ce n'est essayer de parler pour faire passer le temps. Comme en témoigne la première réplique du drame ―« Rien à faire »― seule l'attente et le dialogue, ces degrés minimaux de l'action, viennent structurer le vide inhérent à la pièce. Si le personnage de théâtre se tait il n'existe plus et de là naît son angoisse. Pourtant, même la parole est absurde; elle n'est qu'un palliatif illusoire et retarde fictivement l'idée de dissolution complète de l'être. Sa cohérence est remise en question dans la fameuse tirade de Lucky (agrammaticalement construite) et son aspect transitoire révélé par les aléas de la mémoire (les personnages oublient dans la seconde même ce qu'ils viennent de dire). Sans destinataire, la parole reste claquemurée sur sa propre inanité. Les personnages ne sont rien sans l'existence de l'autre qui est nécessaire à leur imbrication dans le monde. Pozzo est incapable d'être et d'exister par lui même. Il a besoin de Lucky, le serviteur déchu, l' être inférieur, pour exercer son pouvoir et croire à sa supériorité. Lucky, dépendant des ordres de son maître, ne revient à la vie que lorsqu'on le met au travail. Estragon et Vladimir qui s'agacent mutuellement restent inexplicablement inséparables. Finalement chaque être reste asservi à la présence de l'autre et se construit un cadre rassurant ou l'autre vient ponctuellement combler le vide propre à chacun. Malheureusement, le temps coule en vain et les personnages en subissent les aléas. Voué à une lente et irrévocable dissolution de nous même, notre esprit ne peut défier la désuétude. Les corps s'affaiblissent, se dégradent comme mus par une fatale déliquescence de l'existence. Pozzo devient aveugle, Lucky muet et les deux clochards souffrent du pied ou de la vessie. Finalement le langage n'est qu'à demi efficace et reste pire que le néant absolu qui serait pourtant la solution la plus simple aux maux des Hommes. D'ailleurs,le seul et unique projet le plus constant pour Estragon et Vladimir est de se pendre. Ceci est bien révélateur d'une prise de conscience de l'absurdité existentielle, génératrice de souffrances qui ne peuvent cesser que si l'on abdique en s'arrachant au monde. Le supplice de la vie ne peut prendre fin qu'avec la mort. Reste à savoir qui est Godot mais il n'est pas sur que cette question apporte véritablement un sens. La vrai question est plutôt de savoir pourquoi les personnages attendent. Godot est plus ou moins le « sauveur » en mesure d'apporter du mieux. Mais il est l'emblème d'une espérance qui ne sera jamais comblée. L'attente est un état ambigu qui permet d'endurer le malheur présent mais qui laisse insatisfait sans doute parce qu'il aggrave le sentiment du malheur par comparaison avec l'objet imaginaire espéré.
dimanche 2 novembre 2008
samedi 1 novembre 2008
À toutes les gueules de cons qui pullulent et qui rendent la Terre « bleue comme une orange » :
Chers congénères,
Je trouve que vous avez une gueule de con.
Or, le visage que nous portons est la carte géographique qui exhibe aux autres nos espoirs et nos idéaux.
Lorsque cette présentation soutient et diffuse une vision de l'existence déprimante, nous devenons coupable du désespoir des autres.
L'affichage impudique de votre démission, de votre déception métaphysique est un manquement élémentaire au respect d'autrui.
Un regard sans lueur, un front qui capitule, une bouche en forme de compromis perdant, sont des éléments qui insultent la joie de vivre et découragent son prochain.
Toute personne qui a laissé dépérir son visage est irresponsable et dangereuse. Nous avons le devoir de présenter à autrui une face qui exprime une vision au-dessus des circonstances et non le naufrage organique d'une âme rattrapée par la pesanteur. N'oubliez pas vos responsabilités !
Ou vous cessez de publier votre visage dans la rue, ou vous faites le retournement intérieur nécessaire pour présenter une expression correcte, faite d'unité intellectuelle et de fermeté émotionnelle.
Le faisceau misérable avec lequel vous balayez les âmes des passants comme un phare désespérant ne peut continuer à contaminer la population de sa sordide tristesse.
Notre regard qui est la permanente conclusion de nos pensées, offre à celui qui le lit un résumé rapide et convaincant d'un point de vue sur le monde. Il n'est donc jamais innocent de regarder son voisin.
Ainsi je vous accuse.
Bien sur vous n'avez rien fait. Mais être est pire que faire.
Les enfants, les personnalités faibles, les grands-mères sans défenses, les demi-fous, les naïfs, les conformistes, les malheureux sont détournés par votre tête comme une caravane par une mauvaise étoile.
C'est pourquoi, par pitié pour les autres, essayez,s'il vous plaît, de cesser d'être con.
En vous remerciant.
Je trouve que vous avez une gueule de con.
Or, le visage que nous portons est la carte géographique qui exhibe aux autres nos espoirs et nos idéaux.
Lorsque cette présentation soutient et diffuse une vision de l'existence déprimante, nous devenons coupable du désespoir des autres.
L'affichage impudique de votre démission, de votre déception métaphysique est un manquement élémentaire au respect d'autrui.
Un regard sans lueur, un front qui capitule, une bouche en forme de compromis perdant, sont des éléments qui insultent la joie de vivre et découragent son prochain.
Toute personne qui a laissé dépérir son visage est irresponsable et dangereuse. Nous avons le devoir de présenter à autrui une face qui exprime une vision au-dessus des circonstances et non le naufrage organique d'une âme rattrapée par la pesanteur. N'oubliez pas vos responsabilités !
Ou vous cessez de publier votre visage dans la rue, ou vous faites le retournement intérieur nécessaire pour présenter une expression correcte, faite d'unité intellectuelle et de fermeté émotionnelle.
Le faisceau misérable avec lequel vous balayez les âmes des passants comme un phare désespérant ne peut continuer à contaminer la population de sa sordide tristesse.
Notre regard qui est la permanente conclusion de nos pensées, offre à celui qui le lit un résumé rapide et convaincant d'un point de vue sur le monde. Il n'est donc jamais innocent de regarder son voisin.
Ainsi je vous accuse.
Bien sur vous n'avez rien fait. Mais être est pire que faire.
Les enfants, les personnalités faibles, les grands-mères sans défenses, les demi-fous, les naïfs, les conformistes, les malheureux sont détournés par votre tête comme une caravane par une mauvaise étoile.
C'est pourquoi, par pitié pour les autres, essayez,s'il vous plaît, de cesser d'être con.
En vous remerciant.
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